Approche Systémique

Le manque d'une sagesse systémique est toujours puni. Si vous combattez l'écologie d'un système, vous perdez - particulièrement si vous gagnez.Gregory Bateson

Les pommes ne sont ni des océans ni des planètes, mais tous répondent à la même loi : la gravité.

De la même manière, les entreprises ne sont pas des hommes, et réciproquement, mais tous répondent aux lois définies pour les systèmes ouverts par la Théorie Générale des Systèmes.

Un système est auto-validant, c'est à dire qu'il va faire en sorte de valider systématiquement ce qu'il croit être la vérité. Seule une intervention extérieure peut réellement valider ou invalider le système. Il est donc impossible de remettre en cause le système de l’intérieur du système. Il faut passer en position méta. Si ce qui est écrit sur cette page vous heurte et que vous avez tendance à le rejeter, c'est l'illustration de ce principe d'autovalidation.

Les systèmes ouverts et vivants s'organisent eux-mêmes et possèdent leur propres patterns.

Nous allons en survoler ici les plus simples.

Toutes les composantes d'un système s'influencent mutuellement, il n'est pas possible d'isoler une partie du système sans impacter une autre partie du même système, d'un sous-système et potentiellement d'un système plus vaste.

Un système ne se comporte pas comme un agrégat d'éléments autonomes, il constitue un tout cohérent et indivisible, basé plus sur les interactions et les paramètres initiaux que sur les composantes individuelles.

Les entreprises et les individus sont également eux-mêmes composés de sous-systèmes et sont aussi intégrés chacun à un système plus vaste. L'entreprise appartient à un système plus vaste, le marché, comprenant les clients, fournisseurs, etc.., elle est divisé en départements et services, et à un autre niveau est constituée autour d'hommes et de femmes.

Il est plus correct de considérer les individus comme des personnes-en-communication-avec-d'autres-personnes et les entreprises comme des entreprises-en-interaction-avec-d'autres-entreprises que comme des individus ou des entreprises isolés.

L'individu possède plusieurs parties, psychiques (conscientes et inconscientes), émotionnelles, corporelles, spirituelles, chacunes ayant des besoins distincts (et donc potentiellement en conflit), et il appartient à plusieurs systèmes : familiaux, professionnels, associatifs, ...

Un système évolue en tenant compte des paramètres existants à un instant T, sans tenir compte des conditions de départ et des paramètres initiaux. Dans un système, les conséquences ne sont pas tant déterminées par les conditions initiales que par la nature du processus lui-même ou par les paramètres du système. Les mêmes conséquences peuvent avoir des origines différentes, parce que c'est la structure, et non le contenu, qui est déterminante.

Le sens commun pense encore de manière linéaire : A implique B, si nous faisons C il va se produire D.... Mais ce n'est pas ainsi que fonctionne un système. Sinon, il suffirait de faire A pour que B se produise. Nous avons beau le constater, nous sommes toujours irrésistiblement attirés par la causalité linéaire, oubliant la notion de feedback et de rétroaction, et toujours fasciné par le contenu au détriment de la structure.

Face à un problème, le système peut parfois trouver ses propres solutions en interne en déplaçant le problème, mais parfois le système ne trouve pas de solution et cela nécessite d'ouvrir le système vers l'extérieur, pour y introduire d'autres informations afin de résoudre le problème. Toute intervention externe vient dès le début perturber le système, parce que cela introduit de nouveaux paramètres.

Il existe deux types de changements :

  • Le changement de niveau 1 intervient à l'intérieur du système, il modifie le contenu du système, et s'il peut changer la nature du problème, il ne peut pas le résoudre. Ce changement de niveau 1 intervient sur le contenu du système, pas sur leur structure.
  • Le changement de niveau 2 consiste à sortir du cadre du système pour passer sur un niveau supérieur, ce qui signifie introduire de nouveaux paramètres, seuls à même de modifier les paramètres actuels et la structure existante pour apporter des solutions.

Les changements de niveau 1 ne permettant pas de résoudre la plupart des problèmes rencontrés, "Changements" intervient en général beaucoup sur les changements de niveau 2. Cela suppose de pouvoir et de savoir intervenir sur la structure du problème et de passer en position méta.

 

Note : les concepts repris sur cette pages sont principalement issus des ouvrages de Paul Watzlawick "Une logique de la communication" (1967) et, bien évidemment, "Changements" (1975).
 

Les Niveaux Logiques

L'alignement est une propriété essentielle à la planification efficace, à la résolution de problème et au leadership.
 Robert Dilts

Selon l'hypothèse des Niveaux Logiques (Gregory Bateson) tout système, et donc tout individu et toute entreprise, est structuré selon des niveaux hiérarchisés entre la structure de surface, ce qui est apparent à l'observateur du système, et la structure profonde de ce système :

Niveaux Logiques (R. Dilts)   Entreprise Individu
Identité Qui ? Vision, Mission, Stratégie (1) Identité, Croyance interne sur soi
Valeurs et Croyances Pourquoi ? Valeurs, Culture, Stratégie (1) Valeurs, Permissions, Motivations, Limites
Capacités et Stratégies (1) Comment ? Management, Communication Ressources disponibles
Comportement Quoi ? Actions, Procédures, Décisions Comportements, Actions et Réactions
Environnement Où, quand, avec qui ? Clients, Produits, Marché, ... Contraintes et Opportunités
 
Chacun de ces niveaux représente une structure plus profonde que le suivant. Notre identité est notre structure la plus profonde (2), et nos perceptions de l'environnement sont la structure la plus en surface.
 
Plus un niveau est profond, plus il gère des relations complexes. Chaque niveau vient organiser et piloter les interactions du niveau immédiatement inférieur (plus en surface). Les règles qui permettent le changement à un niveau sont spécifiques à ce niveau et différentes de celles des autres niveaux.
 
Le changement s’effectue toujours via un saut, une discontinuité. Un changement à un niveau inférieur (plus en surface) n'a pas nécessairement d'impact sur les niveaux supérieurs (plus profonds) : il existe certes des situations où un changement effectué à un niveau logique inférieur se répercute sur les niveaux supérieurs, mais ce n'est en général pas le cas. Par contre, un changement effectué à un niveau supérieur (plus profond) va systématiquement amener des changements dans les niveaux inférieurs (plus en surface). De ce fait, les manifestations du changement constatées à un niveau inférieur (plus en surface) peuvent sembler illogiques et paradoxales voire surprenantes. Nous retrouvons aussi dans ce principe la notion de changement de type 2 par rapport à un changement de type 1 de la pensée systémique.
 
Chaque problème a sa source dans un niveau logique défini. Il est donc tout à fait fondamental de savoir repérer le niveau logique du problème, et ce, quelque soit l'intervention. Si vous effectuez un changement à un niveau logique trop bas, vous ne modifiez pas le système : malgré tous vos efforts, vous allez échouer.
 
Il est évident pour tout le monde qu'il n'est pas possible de vendre (comportement) de plus en plus de produits sans accroitre la capacité de production ou modifier la stratégie d'approvisionnement. Pour modifier le comportement (vendre), il est nécessaire d'intervenir au niveau supérieur : la capacité de production ou la stratégie d'approvisionnement. Ce cas de figure est connu de tous parce qu'il correspond à un contenu tangible et usuel.
 
Mais ce n'est pas le contenu qui compte, c'est la structure. Et en structure ce mécanisme se reproduit systématiquement : vous ne changerez pas les comportements d'un système (homme ou entreprise) sans amener de nouvelles capacités ou stratégies. Et vous ne pourrez pas installer de nouveaux modes de management sans modifier la culture ou les valeurs soit de l'entreprise, soit des individus. C'est pourquoi construire un budget sans tenir compte de ce mécanisme central est voué à l'échec : systématiquement et "systémiquement".
 
L'approche des niveaux logiques est tellement puissante et efficace que je l'utilise en permanence pour savoir où et comment intervenir, que cela pour personnaliser une formation, refondre votre processus budgétaire ou pour paramétrer un applicatif sous IBM Cognos Planning / TM1 / Express. Deux entreprises du même secteur d'activité peuvent fort bien avoir des problématiques budgétaires situées à des niveaux logiques différents : l'une au niveau du management (capacité, stratégie) et l'autre au niveau de la culture (valeurs et croyances). Vouloir reproduire le même applicatif Cognos sur les deux entreprises est voué à l'échec pour au moins l'une des deux... Le niveau logique du problème n'étant pas le même, le niveau logique de la solution doit être différent.
 
Notes : 
(1) : La notion de stratégie des niveaux logiques correspond à un mécanisme inconscient utilisé par un système pour réagir face à une situation donnée. Cela n'a rien à voir avec la Stratégie de l'entreprise. 
(2) : il existe un niveau encore plus profond, le transpersonnel ou le spirituel ou le champ, correspondant au niveau qui relie l'identité à un tout plus vaste que le système, et donc à un autre système plus grand. Mais dans le cadre de ce rapide aperçu, nous considérons que le niveau de l'identité est le niveau le plus profond.
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